Dernière Modification :
04 septembre 2020
Graphique 1 : évolution des marchés des actions (source AG)
Ces mois d'été ont été un premier reality check pour savoir si ce sentiment se précisait.
Quelles sont les leçons à retenir de cet été ? J'identifie quatre points :
1. Pour l'heure, nous devons apprendre à vivre avec le coronavirus
Le coronavirus reste imprévisible, et il est bien plus coriace que prévu. En début d'année, nous espérions un répit estival, comme c'est le cas pour la grippe traditionnelle. Hélas, nous constatons aujourd'hui de nouveaux foyers en Europe. Voyons cependant le bon côté des choses : le nombre d'infections et d'hospitalisations semble rester limité par rapport à la première vague. Cela prouve que les nouvelles habitudes que nous avons adoptées (1,5 mètre de distance, hygiène des mains, masque et télétravail) font réellement la différence. Nous constatons également que les gouvernements veulent limiter au maximum l'impact économique d'un lockdown : ils ne l'imposent qu'en cas d'urgence, dans des lieux spécifiques et pour une durée limitée.
Il est cependant évident que nous devrons apprendre à cohabiter avec ce virus tant qu'aucun vaccin ne sera disponible.
2. Les résultats d'exploitation du deuxième trimestre ne sont pas si décevants
Tout le monde attendait avec angoisse les bénéfices du deuxième trimestre, le trimestre du confinement. Sur base des 85 % d'entreprises qui ont déjà communiqué en Europe (en date du 1er septembre), nous constatons une baisse de 50 % des bénéfices par rapport au même trimestre de l'année dernière. On peut difficilement parler de bonne nouvelle, mais la situation est moins mauvaise que prévu : dans 59 % des entreprises, les résultats excèdent les attentes. Aux États-Unis, presque toutes les entreprises ont publié leurs résultats : 80 % d'entre elles ont obtenu de meilleurs résultats que prévu. Pour l'ensemble de l'exercice 2020, nous nous attendons à une diminution des bénéfices par rapport à l'année précédente de l'ordre de 30 % en Europe et de 20 % aux États-Unis.
En conclusion, la plupart des entreprises cotées en bourse ont résisté aux effets néfastes du coronavirus et restent toujours rentables.
3. Les Banques centrales et les gouvernements continuent à soutenir l'économie
Ces dernières semaines, les nouvelles étaient également positives du côté des Banques centrales. Jerome Powell, gouverneur de la Fed, a notamment fait part de son inquiétude en raison de la faiblesse de l'inflation. À ses yeux, une inflation de 2 % serait préférable. Il est dès lors disposé à maintenir plus longtemps les taux d'intérêt à un niveau bas. Les gouvernements aussi restent au chevet de l'économie. Le Conseil européen a lancé un fonds de solidarité de 750 milliards d'euros. Son objectif : venir au secours des pays frappés par la crise du coronavirus.
En d'autres termes, les gouvernements et les Banques centrales continuent d'épauler l'économie - et indirectement les marchés financiers - par le biais de mesures de stimulation monétaire et fiscale.
4. L'économie se rétablit, mais plus lentement
Les chiffres macro-économiques sont également plus positifs que prévu. L'économie européenne se redresse plus vite que prévu : les indicateurs prévisionnels continuent à afficher une croissance économique. En d'autres termes, l'économie suit bel et bien le schéma de la racine carrée que nous avions présenté dans notre article précédent. Dans ce cadre, l'économie se redresse d'abord rapidement, pour ensuite se rapprocher plus lentement de son niveau de départ. Ce ralentissement se fait plus particulièrement sentir en Europe, où la reprise a été quelque peu ralentie le mois dernier par une nouvelle résurgence de cas de coronavirus. Pour les marchés financiers, il est désormais crucial que toute nouvelle flambée de l'épidémie soit limitée dans le temps et dans l'espace, afin de ne pas perturber la reprise économique. En cas de ralentissement, et si nous passons d'un scénario √ à un scénario W (voir graphique 2), nous assisterons probablement à une baisse des bénéfices attendus et à une correction sur les marchés financiers.
Graphique 2 : scénarios √ et W (source OCDE)
Jusqu'à présent, des mesures de stimulation monétaire et fiscale sans précédent ont compensé l'impact du coronavirus, mais l'évolution de l'activité économique en Europe reste cruciale.
Notre stratégie d'investissement
Dans le contexte actuel, caractérisé par un nombre de contaminations relativement sous contrôle, de résultats d'entreprises meilleurs que prévu, de reprise économique et de soutien continu par le biais d'une politique de taux d'intérêt bas, nous maintenons notre stratégie d'investissement, avec une préférence pour les obligations d'entreprises et les actions.
Les obligations d'entreprises restent plus intéressantes que les obligations d'État, même si le spread de crédit (à savoir la rémunération supplémentaire pour le risque d'entreprise) a encore diminué : nous nous trouvons désormais à des niveaux proches de la moyenne (voir graphique 3). Par contre, nous évitons les secteurs directement touchés par le lockdown, tels que les compagnies aériennes, les hôtels, les commerces de détail non-food, etc.
Graphique 3 : évolution du spread de crédit (source AG)
Bien entendu, les actions ne sont pas à l'abri d'une correction intermédiaire compte tenu du contexte incertain déjà évoqué et de la hausse des marchés boursiers au cours des derniers mois. Pour les investisseurs à long terme, les actions restent cependant intéressantes : il s'agit d'une des rares classes d'actifs qui peuvent offrir un rendement positif après inflation. Pour les actions européennes, après une baisse à 2,5 % en 2020, nous prévoyons un rendement de dividende de plus de 3 % à partir de 2021. Ce taux est relativement élevé dans ce contexte de faible taux d'intérêt. Il compenserait les fluctuations intermédiaires et... le stress qui en résulte.
Stay safe,
Wim Vermeir, 4 septembre 2020