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Wall Street en forme ? La prudence reste de mise

Malgré une politique monétaire restrictive de la FED et un resserrement des conditions de financement des banques commerciales, force est de constater que l'économie américaine continue de tenir le coup. Le marché de l'emploi et la consommation des ménages restent vigoureux et seules les dépenses d'investissement sont à la peine. La récession américaine la plus annoncée de ces dernières années ne s'est toujours pas manifestée. Elle pourrait néanmoins survenir au second semestre mais de façon diluée.

​​​​​​​​​​​​​​​Qu’à cela ne tienne, outre le rapide trou d’air causé par la crise des banques régionales américaines, les marchés d’actions mondiaux se sont redressés. Fin mai, Wall Street a même établi de nouveaux records, à peine perturbée par les péripéties de la question du relèvement du plafond de la dette américaine, ou par les taux d’intérêt des obligations qui se tendaient à nouveau.  

Les acteurs du marché semblent se concentrer sur les nouvelles positives. Le récent rallye se concentre fortement sur les «big tech» aux États-Unis, et sur les valeurs de consommation et de croissance en Europe. Cependant, de plus en plus de fissures apparaissent au grand jour et incitent non pas à une méfiance, mais à une certaine prudence de la part des investisseurs. 

 

De la dichotomie tous azimuts 

 

Sur le plan économique d'abord, si la croissance économique reste positive, c’est grâce au secteur des services. Le secteur manufacturier, lui, peine à se redresser. Or, c’est ce dernier qui importe pour la Bourse. Aussi, la contraction de la masse monétaire n’est pas de bon augure pour relancer la machine économique.  

 

Ensuite, les indicateurs de sentiment, qui visent à montrer la perception collective des agents économiques (comme les entreprises ou les ménages) et des investisseurs, sont résilients. Cependant, les attentes pour les prochains mois au mieux se tassent ou reculent sensiblement.  

 

Enfin, si les perspectives de croissance pour l’année en cours sont légèrement revues à la hausse ici et là, les prochains trimestres s’inscrivent plutôt sur une tendance plus morose.   

 

Pour leur part, les marchés financiers ne sont pas en reste. Les marchés obligataires, présentant des courbes lourdement inversées, anticipent un assouplissement assez rapproché de la politique monétaire des banques centrales, alors que celles-ci clament haut et fort que cela n’est certainement pas à l’ordre du jour.  

Du côté des principales Bourses, celles-ci ont, depuis le début de l’année, surtout été soutenues par le retour en grâce des valeurs de croissance et donc du secteur technologique. À Wall Street, seuls 20 titres expliquent près de 100 % de la hausse de l’indice S&P 500. 

Les « big tech » tirent la cote  

Les marchés d’actions ont trouvé un nouveau catalyseur. Après le cloud ou le « metaverse », l’engouement pour l’intelligence artificielle, avec sa figure de proue ChatGPT, est peut-être comparable à ce que d’aucuns désignent déjà comme un « Iphone moment » :  une période d’évolution technologique associée à des gains de productivité semblable à celle suivant l’apparition du smartphone en 2007. Ce scénario est certainement probable à long terme. Pourtant, il est impossible de savoir si cela se produira au cours des deux prochains trimestres.  

Concernant la technologie, rappelons-nous que le « metaverse », si populaire durant le Covid, ressemble aujourd’hui plus à un feu de paille qu’à la révolution virtuelle annoncée. N’oublions pas non plus que bon nombre d’entreprises technologiques américaines, très liées à la Chine, pourraient être particulièrement affectées par une escalade des tensions géopolitiques sino-américaines. 

D’un point de vue fondamental, si le secteur technologique tient globalement ses promesses sur le long terme avec un surplus de croissance par rapport aux larges indices classiques, la prime de valorisation est de nouveau repartie à la hausse. À long terme, elle est même au-dessus de la moyenne.  

En outre, après avoir fortement augmenté leurs effectifs jusqu’en 2022, les entreprises technologiques ont été contraintes de réduire leur taille. Bien que ce type de restructuration soit courant dans de nombreux secteurs, c'est la première fois depuis plus de dix ans que l'industrie technologique s'engage dans cette voie. Preuve que tout n’est pas toujours rose financièrement et que de lourdes déconvenues surviennent parfois.


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Des résultats globalement rassurants mais inégalement répartis
 

Durant le 1er trimestre, les résultats d’entreprises n’ont certes pas été mauvais en soi, pour l’indice américain S&P 500. Néanmoins, ils n’ont pas montré de grand relief non plus par rapport aux attentes qui avaient à nouveau fait l’objet de révisions baissières en amont de leur publication. Quelques pépites de la technologie, comme Nvidia, ont cependant bien tiré leur épingle du jeu. Comme motif de satisfaction, on notera le fait que les marges bénéficiaires se sont stabilisées par rapport au 4e trimestre de l’an dernier. Toutefois, cette tendance n’est pas largement répartie entre les secteurs et les entreprises. 

Étonnement, le tableau a été plus positif en Europe. On peut même parler d’une belle surprise, car là où le marché tablait sur un repli des bénéfices, l’indice Stoxx 600 a fini par réaliser une progression de ses résultats. Outre le secteur technologique, ce sont les institutions financières qui ont boosté la tendance globale. Merci donc à la BCE et au relèvement rapide de son taux de dépôt. Ce dernier a permis aux banques d’engranger de beaux profits sur leurs liquidités placées auprès de l’institution de Francfort. 

Attentisme et diversification de rigueur 

Malgré tout, cela ne suffit pas pour s’enthousiasmer. En effet, pour un rebond durable, il faudrait que les valeurs cycliques et les petites capitalisations performent et même surperforment leur indice de référence.  

Vu les perspectives d’un certain tassement conjoncturel, on ne peut pas dire que d’un point de vue macroéconomique, ce soit attendu pour le reste de l’année.  

Dès lors, nous maintenons notre approche équilibrée entre actions et obligations. À l’intérieur de la poche actions, la diversification tant géographique que sectorielle ou par style de gestion reste privilégiée, au risque de rater des retournements de tendance. S’il y a un an, on ne donnait pas cher des actions européennes malmenées, celles-ci se sont davantage redressées que leurs homologues américaines. De même, si l’énergie était à la fête l’an dernier et si le style value avait bien résisté, c’est aujourd’hui la technologie et le style croissance qui font la course en tête. 

Nous attendons plus de clarté sur le cycle économique, maintenant que l’inflation et la politique monétaire sont de moins en moins des facteurs de volatilité. Malgré un risque accru de récession aux États-Unis, celle-ci devrait être courte et modérée, n’affectant pas la consommation des ménages mais uniquement les dépenses d’investissements. Cela ne devrait guère provoquer de très gros remous.  

Notons au passage que l’Allemagne est officiellement tombée en récession technique sans que cela n’impacte le Dax allemand. En revanche, le découplage fort prononcé en termes de performance boursière entre l’euphorie des « big tech » et le reste du marché, surtout aux États-Unis, n’est en général pas durable dans le temps. Une phase de consolidation, couplée à une réduction de certains excès boursiers, pourrait créer des nouveaux points d’entrée. De même, une amélioration plus tangible des perspectives pourrait également renforcer la vision sur les actions.


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