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Conflit en Ukraine : des conséquences humaines et économiques


Alors que le monde espérait encore une issue pacifique à la crise russo-ukrainienne, la Russie a lancé une offensive militaire de grande ampleur contre son voisin. L'objectif du président Poutine est de remplacer le pouvoir ukrainien par une administration alignée sur la Russie et d'empêcher ainsi la coopération en matière de défense entre l'Ukraine et l'Occident.

Entre les bombardements, l'entrée des blindés et des dizaines de morts à déplorer, les forces russes assiègent le pays et intensifient les combats face à la résistance ukrainienne, poussant de plus en plus de citroyens ukrainiens​ à fuir le pays vers l'Ouest.

À l'heure d'écrire ces lignes, outre le désastre humain lié aux conséquences de la guerre, il est encore bien difficile de savoir de quelle manière ce conflit va impacter la croissance économique, agir sur le prix de l'énergie et des matières premières ou encore influencer l'inflation, la politique monétaire des banques centrales et les marchés financiers. Néanmoins, nous donnons déjà un aperçu des principaux aspects.

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Des sanctions radicales mais qui ne visent pas les exportations d'énergie russe

En réponse à l'invasion de l'Ukraine, l'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont imposé des sanctions économiques sans précédent. Il s'agit notamment de restreindre considérablement l'accès des autorités, des banques et des grandes entreprises russes aux marchés de capitaux européens, de couper la Russie des technologies essentielles et de geler les avoirs étrangers de certains dignitaires russes. L'exclusion des grandes banques russes du système de paiement SWIFT et les restrictions imposées aux réserves de change de la Russie peuvent également poser des problèmes aux entreprises situées hors de la Russie.

Bien que le PIB et le commerce de la Russie avec le reste du monde ne pèsent pas lourd en termes économiques, le pays est un grand producteur mondial d'énergie et reste un important fournisseur de pétrole brut et de gaz naturel pour l'Europe. Les deux partenaires ont donc intérêt à entretenir des relations commerciales, l'un pour son approvisionnement énergétique et l'autre pour s'assurer des revenus financiers. Pour cette raison, les flux de pétrole et de gaz russes ne sont actuellement pas spécifiquement visés par les sanctions.


Nervosité et nouvelles incertitudes sur les prix et l'approvisionnement énergétiques

À la suite de l'intervention militaire russe, le prix du pétrole, qui était déjà orienté à la hausse, a temporairement dépassé les 100 USD. La réaction du marché du gaz a été encore plus forte : en Europe, les prix du gaz ont augmenté de plus de 50 % en un jour. Les prix ont ensuite légèrement baissé, mais restent très élevés. S'il est peu probable que la Russie interrompe les flux de pétrole et de gaz, elle pourrait réduire ses exportations, temporairement ou à plus long terme, en fonction de l'évolution de la situation. D'autres évolutions pourraient réduire les tensions énergétiques. En ce qui concerne le pétrole, par exemple, l'administration américaine travaille à une libération du pétrole des réserves stratégiques mondiales. En ce qui concerne le gaz, l'Europe pourrait bientôt se retrouver sans approvisionnement russe dès l'arrivée de l'été. Cependant, les approvisionnements en GNL devront être augmentés dans les mois à venir et le gaz en provenance de Russie sera toujours nécessaire.


Potentiellement plus d'inflation et moins de croissance

En l'état actuel des choses, la principale conséquence serait un ralentissement de la croissance, par le biais d'une inflation plus élevée résultant de la hausse des prix de l'énergie. Très provisoirement, l'économiste en chef de la Banque centrale européenne a annoncé que le conflit en Ukraine réduirait, dans un scénario central, la prévision de croissance économique de la zone euro cette année de 0,3 % à 0,4 %. Il a également présenté un scénario plus négatif dans lequel les prévisions de croissance seraient revues à la baisse de près de 1 %. Quant à l'inflation, la BCE n'a pas encore publié de chiffres, mais elle a déclaré que les prévisions allaient augmenter de manière significative. De leur côté, les économistes ont fait leurs calculs. Si l'approvisionnement en énergie n'est pas perturbée et que les prix de l'énergie restent à leurs niveaux élevés actuels, l'inflation devrait augmenter en moyenne de 1 % de plus que prévu au cours des 12 prochains mois. Toutefois, en cas de grave perturbation de l'approvisionnement en gaz, l'impact sur l'inflation serait de 3 %. Il est à noter que les économistes arrivent à peu près aux mêmes effets sur la croissance économique que ceux prévus par la BCE.


La BCE cherche à rassurer et pourrait quelque peu retarder sa normalisation monétaire

Il est probable que les banques centrales restent sur la voie de la normalisation graduelle de leur politique monétaire. Toutefois, elles surveilleront l'évolution des conditions financières qui se détériorent, pour orienter le rythme des hausses de taux d'intérêt. Aussi seront-elles attentives à l'impact d'une nouvelle poussée de l'inflation due à un choc énergétique sur la croissance économique. Ce facteur restera beaucoup plus important pour la BCE que pour la Fed, en raison d'une plus grande vulnérabilité de l'Europe que des Etats-Unis dans ce conflit armé. D'autre part, la présidente de la BCE a déclaré que « la Banque centrale européenne fera tout ce qui est en son pouvoir pour préserver la stabilité des prix et du système financier dans la zone euro. Il s'agit notamment de veiller à ce que les liquidités soient disponibles et d'utiliser les options et la flexibilité dans la définition de la politique monétaire ».


Des marchés financiers sous pression mais pas en panique

Les marchés mondiaux n'avaient pas anticipé un scénario de guerre et s'adaptent maintenant à l'ampleur de cette action militaire. Les perspectives à court terme pour les actifs risqués sont incertaines. Le conflit en Ukraine entraînera une volatilité avec la possibilité d'exagérations à la baisse. Il faudra du temps pour que la situation se stabilise. Compte tenu de leur proximité géographique avec la zone de combat et de leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, les marchés européens ont été plus durement touchés, tandis que Wall Street a mieux résisté.

En Europe, certains secteurs ou entreprises, particulièrement exposées au marché russe souffrent fortement des sanctions adoptées (par exemple : le pétrolier BP qui a annoncé son retrait du marché russe ; le constructeur automobile Renault qui est actionnaire de la maison-mère russe de Lada ; les banques Raiffeissen, Unicredit et SocGen qui ont un important volume de créances étrangères sur la Russie). En outre, les secteurs cycliques à forte intensité énergétique sont désormais plus vulnérables. En revanche, d'autres entreprises, actives dans les biens d'équipement de production d'énergie, de défense et de cybersécurité, pourraient voir leurs perspectives s'améliorer.

En cas d'impact limité sur la croissance économique européenne, les prévisions de bénéfices futurs ne seront que légèrement révisées à la baisse, car les sociétés européennes cotées en bourse opèrent à l'échelle mondiale, la faiblesse de l'euro est un atout et des mesures de soutien gouvernementales ne peuvent être exclues. En outre, les perspectives macroéconomiques mondiales restent favorables, les valorisations boursières sont raisonnables, voire attrayantes à moyen terme, et les banques centrales continueront de surveiller à la fois les pressions inflationnistes et l'évolution des marchés. Même si la géopolitique continuera à dominer l'actualité, les investisseurs ne doivent pas perdre de vue ces facteurs.


Impact dans les fonds d'investissement en branche 23

La Russie et l'Ukraine sont exclues des portefeuilles par nos gestionnaires de fonds, ce qui est conforme à notre liste d'exclusion appliquée à nos investissements. La seule exception est la position assez restreinte (environ 5%) que représente la Russie dans le fonds Emerging equity. Nos gestionnaires appliquent également une stratégie d'investissement active, ce qui signifie qu'ils réagissent toujours aux événements actuels et prennent les mesures appropriées si nécessaire. Les portefeuilles sont également surveillés par le comité d'investissement d'AG.


Impact dans le portefeuille d'investissement en branche 21

Ces dernières années, la Russie a été de plus en plus sous le feu des mesures internationales successives. AG a donc vendu ses derniers investissements en Russie il y a longtemps. L'Ukraine n'a jamais eu une notation de crédit suffisante pour être prise en compte dans nos portefeuilles. La baisse des marchés boursiers affecte évidemment aussi le portefeuille d'actions d'AG. Toutefois, ce portefeuille est très diversifié et n'est donc pas particulièrement vulnérable à la crise actuelle. Il en va de même pour nos portefeuilles d'obligations et de prêts aux entreprises. La grande majorité de ces positions sont d'excellente qualité de crédit (dites « investment grade »).


Suivi de la situation

Il va sans dire que le comité d'investissement et les équipes spécialisées dans les investissements et les risques d'AG​ continueront à surveiller les développements géopolitiques et leur impact sur les marchés financiers, ainsi qu'à prendre les mesures appropriées pour protéger les portefeuilles d'investissement.​

Les conséquences économiques d'un événement d'une telle ampleur sont inévitables. C'est donc en notre qualité d'experts financiers que nous vous proposons cette analyse. Cependant, il s'agit bien entendu avant tout d'un drame humain auquel nous compatissons. 

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