Wim Vermeir
Donnez votre avis :  
 
( 0 avis )
En savoir plus sur ces assurances?

Trilemme sur fond d’élection présidentielle

L’Europe frappée de plein fouet par la deuxième vague du coronavirus

Que ce soit au niveau du nombre de cas ou des hospitalisations, la tendance est de nouveau à la hausse. Les mesures de quarantaine se durcissent en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Espagne. L'Irlande, quant à elle, est à nouveau en confinement. 

​​​​​​

Le trilemme pandémique semble insoluble : protéger la santé tout en faisant tourner l'économie, sans pour autant négliger les libertés individuelles. Un trilemme est un choix économique avec trois objectifs… mais seuls deux d'entre eux peuvent être réalisés simultanément.

La Chine, par exemple, est parvenue à réduire le nombre de cas et à préserver sa croissance économique au prix de mesures de quarantaine draconiennes, mais elle s'est beaucoup moins souciée des libertés individuelles.

Les États-Unis, au contraire, ont opté pour un maintien des libertés individuelles et de la croissance économique, mais le nombre de victimes de la Covid y est beaucoup plus élevé.

L'Europe tente, en vain à l'heure actuelle, à concilier ces trois objectifs. Seule exception positive : l'Allemagne, qui parvenait jusqu'à présent, grâce à un suivi détaillé et, si nécessaire, des interventions locales rapides, à garder le contrôle de la situation. Mais l'Allemagne vient également d'annoncer des mesures plus sévères.

Les marchés financiers bénéficient toujours du soutien des mesures fiscales et monétaires

Malgré cette nouvelle poussée du coronavirus, les réactions sur les marchés restent modérées. Certes, nous avons assisté à une correction des cours depuis mais ils restent bien au-dessus des niveaux de fin mars (voir graphique).

 

Graphique – marché des actions

(source : Bloomberg)

Performance YTD - Bloomberg.png


Trois grandes raisons expliquent cette tendance :

  • Tout d'abord, l'économie européenne se rétablit progressivement du confinement du deuxième trimestre. Certes, la relance est progressive et graduelle : la majeure partie de l'économie tourne à nouveau, à l'exception de quelques grands secteurs (comme l'horeca, les transports aériens et l'événementiel). Cependant, les entreprises affichent de meilleurs résultats que prévus : en Europe, les bénéfices attendus devraient être de l'ordre de 65 % de ceux réalisés en 2019. Aux États-Unis, ce pourcentage atteint même les 80 %. Pour 2021, nous nous attendons à une poursuite de la progression des bénéfices de l'ordre de 32 % en Europe et 24 % aux États-Unis. Ces chiffres risquent bien entendu d'être mis sous pression par la deuxième vague de coronavirus, mais il convient tout de même de constater que les gouvernements essaient au maximum de réduire l'impact sur l'économie dans le cadre des mesures de quarantaine annoncées.  
  • Ensuite, il y a la stimulation fiscale de l'économie. Les gouvernements européens compensent l'impact de la crise par davantage de dépenses, comme les programmes de chômage temporaire et les investissements supplémentaires. Le meilleur exemple à ce niveau est le fonds de relance européen, qui prévoit 750 milliards d'investissements dans les pays les plus durement touchés.  
  • Last but not least, la stimulation monétaire par les Banques Centrales. La BCE et la Fed mènent une politique de taux zéro et rachètent massivement des obligations d'État et d'entreprises. Ces mesures soutiennent grandement les marchés financiers, plus particulièrement parce que les deux banques ont annoncé qu'elles maintiendraient cette politique pour les années à venir. Si la croissance économique reste sous pression, on s'attend même à ce qu'elles renforcent leurs efforts.


En conclusion, les chiffres du coronavirus feront certes fluctuer les marchés, mais il faut avant tout se concentrer sur la croissance économique attendue, qui est actuellement soutenue par des mesures de soutien monétaire et fiscal. Bien entendu, il faut à tout prix que les mesures plus strictes permettent d'endiguer cette deuxième vague du coronavirus sans dommages économiques permanents.

 

Trump vs Biden

On aurait presque tendance à l'oublier au vu de l'actualité, mais les élections présidentielles approchent à grands pas. Selon les sondages, le scrutin du 3 novembre déboucherait sur une victoire du candidat démocrate Joe Biden face au président sortant, Donald Trump. Toutefois, les élections précédentes nous ont appris qu'il convient de prendre ces sondages avec des pincettes. Le succès des populistes tels que Trump est en effet difficilement prévisible, et la victoire finale dans le système électoral américain dépend parfois du résultat de quelques Swing States cruciaux.   

Intuitivement, on pourrait croire qu'un président républicain est une bonne chose pour les marchés des actions, étant donné qu'il mène une politique favorable aux entreprises. Pourtant, les statistiques démontrent le contraire. Depuis 1947, la bourse américaine a progressé de 5,6 % par an lorsqu'un Républicain occupait le Bureau Ovale, contre 10,8 % (soit près du double) lorsque le locataire de la Maison Blanche était un Démocrate.   

 

Le président et le gouverneur

Cette fois encore, nous ne pensons pas qu'un président démocrate aurait un impact négatif sur les marchés des actions. Biden a beau avoir annoncé une hausse de l'impôt des sociétés, il promet également des investissements publics qui seront bénéfiques pour la croissance économique. Sur le plan international, la politique américaine ne changera probablement pas radicalement – les Démocrates souhaitent également adopter une approche protectionniste envers la Chine et réduire la solidarité avec l'Europe – mais son style serait en tout cas moins percutant et agressif que sous Donald Trump. Au final, nous pensons que l'impact des élections présidentielles sur les marchés globaux sera limité… même si le monde entier attendra le résultat final avec une certaine nervosité pendant la nuit des élections (voire un peu plus longtemps).  

Aux États-Unis aussi, le principal moteur des marchés financiers est la politique monétaire, et elle ne changera pas le 3 novembre. Aux yeux des marchés boursiers, la politique du président est certes importante, mais pas autant que celle du gouverneur de la Fed.

 

Notre stratégie

Nous maintenons notre vision positive pour les actions, et ce, même si l'évolution future de la crise du coronavirus et les élections présidentielles américaines peuvent avoir un impact sur les bourses. Par ailleurs, les obligations d'entreprises restent relativement intéressantes dans ce contexte de faiblesse persistante des taux.

 

Wim Vermeir, 29 octobre 2020 ​


Dans notre magazine